Une législation de plus en plus restrictive d’une part, des objectifs de santé publique, sanitaires et sociaux à respecter d’autre part : le milieu de l’entreprise ne fait désormais plus exception à la lutte anti-tabac.
Il y a environ un an, l’Organisation Mondiale de la Santé, dont le siège est à Genève (en Suisse) avait intégré à son formulaire de candidature la mention: » L’OMS est un espace non-fumeur. L’Organisation ne recrute pas de consommateurs de tabac sous quelque forme que ce soit ». Une première que le pays n’a pas interdit.
Une chose est de reconnaître les dangers du tabagisme passifs et actifs, autre chose est d’en faire un critère de sélection à l’embauche.
En France, comme en Belgique ou dans d’autres pays où la discrimination est largement interdite, les salariés sont protégés par le droit national. Au-delà des textes, beaucoup de recruteurs aujourd’hui considèrent qu’être fumeur est un « moins » pour le candidat qu’ils recrutent. Les espaces professionnels étant maintenant tous non fumeurs, les fumeurs sont supposés perdre du temps en s’isolant ou en allant fumer à l’extérieur et être plus souvent malades.
Pour ce qui est des problèmes de santé, il est reconnu que les fumeurs sont plus sensibles aux maladies (cancer, troubles cardiaques…). Néanmoins, cela ne veut pas dire que les fumeurs sont plus absents : les prévisions de l’OMS sur la santé au travail sont claires : ce n’est pas la cigarette qui sera la première cause d’invalidité d’ici 2020, mais …la dépression. Comme quoi, même dans un air vicié, il vaut mieux encore prendre le temps de s’aérer…
Au delà du recrutement, il faut pourtant prendre en considération les coûts liés aux différentes pathologies liées aux tabagisme. Ce coût risque de peser de façon indirecte sur les entreprises par le biais de la hausse du coût des contrats complémentaires santé. La chasse aux économies dans ce domaine met à mal la solidarité sur laquelle repose pourtant, en théorie, ces contrats collectifs. Le niveau des cotisations de ces contrats dits collectifs est donc susceptible de varier selon le statut familial, le salaire et l’âge. Pour le moment, le cadre légal interdit qu’un employeur demande des cotisations majorées pour ses salariés fumeurs ou obèses mais rien n’interdit de proposer des régimes spécifiques. Dans cette logique » d’individualisation du collectif « , des entreprises ajoutent en effet une sur-complémentaire santé facultative au socle de la complémentaire obligatoire. C’est là le moyen de niveler par le bas les prestations du contrat obligatoire.
Dès lors si recruter un fumeur ne doit pas être un critère de sélection, les entreprises ont tout intérêt à long terme à aider leurs salariés par des formations ou des programmes de prévention à arrêter de fumer. Non pour des raisons de mode de vie mais simplement d’économie…pour les deux partis…
Auteur : Claire P.