Comment l’évolution du rapport entre le travail, l’espace et le temps qui lui sont consacrés, fait évoluer la notion de bureau ?
Les évolutions sociétales influent sur les attentes des collaborateurs vis-à-vis de leur environnement de travail, obligeant les entreprises à s’adapter par une montée en gamme des espaces de travail qu’elles proposent.
« Vous avez encore un numéro de téléphone fixe ou pas ? ». La question de ce Directeur des Achats à l’un de ses fournisseurs est anodine mais surtout, elle appartiendra bientôt définitivement au passé.
Derrière cet exemple, il est à noter une tendance de fond indéniable : les entreprises doivent anticiper les évolutions de demain, car les nouveaux modes de vie provoquent des attentes de la part de leurs collaborateurs.
Parmi les évolutions les plus significatives qui influent sur le rapport au travail, il est à retenir :
- A l’avenir sur le marché du travail, la majorité des actifs ne travailleront plus en CDI et rapporteront à plusieurs employeurs simultanément, sur des cycles raccourcis. Cela ne permet pas de se projeter sur des capacités immobilières à trop long terme.
- L’entreprise change ou fait évoluer ses locaux plus régulièrement qu’elle ne change d’ERP ou de cartographie SI … et cette tendance s’accélère.
- La révolution digitale accélère également le changement des pratiques et redéfinit complètement le rapport au temps et à l’espace dédié à l’activité professionnelle.
Quelles sont les réactions et les attentes de l’entreprise au regard du lieu de travail de ses collaborateurs ?
Au-delà de la recherche des gains financiers visant à optimiser le ratio au m2 en optimisant davantage l’espace des collaborateurs, l’entreprise souhaite associer son schéma immobilier à sa stratégie d’entreprise, partant du principe qu’un salarié heureux est moins absent, plus productif, plus collaboratif et in fine, plus performant pour atteindre les objectifs stratégiques fixés par l’organisation.
Le collaborateur cherche tout d’abord à maintenir ce qu’il considère être des éléments indispensables à son quotidien, dans le cas où son entreprise revoit l’aménagement des bureaux existants, et davantage encore si elle déménage : « Vais-je perdre mon bureau individuel ? Pourrais-je rentrer suffisamment tôt pour la sortie d’école des enfants ? … »
Le salarié dont l’évolution de l’environnement de travail n’altère pas la qualité de son quotidien est plus apte à être d’avantage collaboratif, digital, performant… L’entreprise doit donc créer les dispositions favorables pour rassurer sur tous les sujets pouvant altérer l’adhésion et l’attention aux messages clés portés par le changement.
Le collaborateur ne nourrit pas par définition d’espérances quant à l’annonce du projet immobilier. L’entreprise peut faire fausse route à dépenser massivement considérant que le plus récent, le plus équipé, emportera nécessairement l’adhésion. Comme pour toute transformation, pour repenser les espaces, il faut en accompagner la prise en main et répondre aux attentes individuelles et collectives…
Quelle pertinence ont les solutions d’aménagement actuelles au regard de la Qualité de Vie au Travail de leurs collaborateurs ? Quelles sont les limites des solutions actuelles ?
La Qualité de Vie au travail fait partie des critères sur lesquels les entreprises doivent justifier un projet d’évolution des espaces de travail. Elles doivent désormais impacter les modes de fonctionnements, mettre en avant des valeurs managériales, améliorer le bien-être au travail.
Le cahier des charges de l’aménagement moderne comporte alors des impératifs parmi lesquels : des moyens d’insonorisation, de gestion de la lumière, des « ear chairs » pour gagner en privacité dans les espaces ouverts, des couleurs murales « tendance », des espaces de détente chic et cosy, …
L’innovation aura encore progressé avec le temps et, de la même manière que l’on juge aujourd’hui avec nostalgie et pour certains avec effroi les bureaux fermés, la tapisserie ou la machine à écrire, les modes font et marquent les époques. L’aménagement de bureaux ne fait pas exception.
Parmi les points sur lesquels on peut challenger les choix d’aménagement actuels, il est à noter : l’absence de management visuel de type Lean qui manque dans certains espaces. Cela concerne aussi la culture du zéro papier, qui conduit à des espaces d’une neutralité laissant nostalgiques les fervents utilisateurs de la salle de créativité ou de la bibliothèque, qu’incarnaient les lieux précédents.
L’engouement pour les réflexions autour de la pertinence du « Flex Desk » pour l’organisation laisse entendre que ce type d’organisation spatiale attire et interroge ; les Directions Immobilier et RH se posent bien souvent la question de jusqu’au pousser le curseur du changement. Retenons qu’il n’existe pas de modèle référence pour toutes les organisations, sans distinction. Il est donc primordial d’adapter l’aménagement des espaces à l’organisation, sa vision et sa culture.
Auteur : Marc GODARD