La présentation, en tout début de semaine, du projet de bulletin de paie simplifié est-elle une véritable réponse à l’objectif de « réduction de la paperasse administrative », objet de la commission installée par le secrétaire d’état chargé des PME ?
Dans un premier temps, et pour les professionnel de la paie, la réponse est assurément non, puis que ce bulletin n’est qu’un habillage simplifié des rubriques existantes sur les bulletins actuels et que, dans l’hypothèse ou l’entreprise opterait pour son format, elle ne pourrait s’exonérer de présenter le détail de ces rubriques soit au dos du bulletin (impression recto-verso !), soit sous forme d’un récapitulatif trimestriel ou annuel, et à tout moment consultable par le salarié.
La véritable simplification du bulletin de paie reposera, pour les professionnels de la paie comme pour les salariés, sur la normalisation prévue d’ici 2013 de la base des cotisations obligatoires, et sur celle des cotisations complémentaires et d’assurance chômage prévue pour 2015, et plus globalement sur une réduction de la complexité des règles de paie.
En attendant ces réformes de fond, le ré habillage du bulletin de paie sous une forme simplifiée donnera plus de travail aux équipes de paie (impression simplifiée + impression compète périodique, nécessité de donner aux salariés des réponses aux questions qu’ils se poseront sur les éléments ne figurant plus sur le bulletin – primes d’ancienneté, heures sup, …) et créera plus de disparité dans la présentation des bulletins d’une entreprise à l’autre.
Complémentairement à cette réforme du bulletin, sa dématérialisation et la mise en place d’un « coffre fort » électronique tarde à décoller ; intéressant surtout les grandes entreprises pour lesquelles l’effet volume rend intéressant l’économie sur l’édition et l’affranchissement du bulletin, il se heurte à une réticence encore forte des salariés eux-mêmes, toujours attachés au support papier, et pour qui la pérennité du coffre fort en cas de départ de l’entreprise n’est pas claire. Cependant, nul doute que les mentalités évoluent rapidement, surtout si en parallèle, l’interopérabilité des espaces sécurisés de stockage des données évolue dans le bon sens.
Auteur : Philippe Martin, Directeur en charge l’offre Contrôle de gestion sociale, RH-Management