Episode 1 : L’évolution du marché de l’emploi en France
Au lendemain de la publication de la 14ème édition du Baromètre EY de l’Attractivité de la France, mettant en exergue la hausse significative du nombre de projets d’implantation, malgré l’absence de hausse des créations d’emplois et l’étude publiée sur les ECHOS sur la création et la destruction d’emploi, Kurt Salmon vous présente son regard sur l’évolution du marché de l’emploi en France depuis 2014.
Quelques chiffres
74 000 destructions de postes en France en 2014Source : Trendeo – Solde net annuel des emplois créés et supprimés repérés par l’Observatoire Trendeo 2009-2014
D’après les données de l’INSEE, 74 000 postes ont été supprimés dans les secteurs marchands en 2014 (soit –0,5% vs 2013), portant ainsi la baisse totale de l’emploi en France à 236 100 sur les trois dernières années. Si ces destructions d’emplois concernent la quasi-totalité des régions, elles touchent également tout type d’entreprise, indépendamment de leur taille.
En effet, en raison d’une croissance trop faible en 2014, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 1% pour atteindre 63 400, dont 90% s’ensuivent par une liquidation. Si les PME sont en première ligne, les grandes entreprises ne sont pas épargnées. 2013 avait déjà été une année noire marquée par 63 100 faillites, dépassant alors le pic atteint en 2009 au plus fort de la crise.
La France poursuit sa tertiarisation
Evolution de l’emploi salarié dans le secteur marchand
Source : INSEE
Selon les économistes Elie Cohen et Pierre-André Buigues, « la France est la grande perdante de l’industrie européenne depuis 1990 » (Le Décrochage industriel, Fayard, 2014). Cela se confirme en 2014, avec une grande concentration des destructions d’emplois dans le secteur industriel (37 700 postes supprimés au total). Bien qu’en baisse, les 217 fermetures de sites ne sont toujours pas compensées par les 163 créations d’usines réalisées à la même période. D’autant plus que les usines qui se créent sont de plus en plus petites en termes d’emplois : en moyenne, elles comptaient seulement 49 emplois par site en 2014, contre 84 emplois en 2012.
Cependant, et même si leur nombre reste limité au regard des déploiements d’entreprises à l’international, les relocalisations d’activités ne constituent pas un phénomène marginal ou traduisant un quelconque « repli » vis-à-vis du reste du monde : Rossignol, Mauboussin, Solex… autant d’entreprises françaises qui ont décidé récemment de relocaliser une partie de leur activité industrielle dans l’Hexagone, après une expérience dans un pays émergent.
Le secteur tertiaire, en revanche, a créé 13 100 postes en 2014 (soit +0,1 % vs 2013) et l’intérim est globalement resté stable (+300 postes).
France Stratégie et la Darès ont remis un rapport prévoyant la création d’entre 115 000 et 212 000 emplois par an d’ici 2022 au gouvernement. En effet, selon eux, dans un contexte de hausse des départs en retraite des baby-boomers, on attend dans les prochaines années « une forte dynamique des métiers du commerce et des services de soin et d’aide aux personnes, qui ferait plus que compenser le repli des emplois administratifs de la fonction publique et des emplois de secrétaires ».
Mais la création d’emploi reste stimulée par les initiatives des grandes entreprises et les start-ups
Le palmarès des « véritables créateurs d’emplois en France » met en exergue les stratégies gagnantes des entreprises pour créer des emplois malgré la crise. Il a pour objectif d’identifier ces créateurs d’emploi pour mieux éclairer les analystes et les décideurs sur les stratégies gagnantes, les gisements d’emploi, les leviers de la politique économique et les perspectives de la France dans le monde qui vient.
Dailymotion, Blablacar, Drivy, LaFourchette, OVH… autant d’exemples de start-up françaises ayant réussi à s’imposer sur la scène internationale, qui montrent le dynamisme des start-up en France.
En 2014, la France enregistre 609 créations de start-up. En moyenne, les start-up représentent 5,6% des créations d’emplois (11 256 emplois créés en 2014 contre 7 566 en 2013 selon le baromètre des start-up françaises EY). Ce taux culmine à 17,6% en Île-de-France qui concentre 28% des start-up. Mais leur développement n’est pas homogène dans toutes les régions : les régions littorales sont les plus dynamiques en emplois et en création de start-up (205 dans les 4 régions de la moitié sud vs 171 dans les 7 régions de la moitié nord, en excluant l’Ile-de-France).
Auteur : Angéline Steinbach, Business Analyste