Le projet de loi Travail présenté par Myriam El Khomri vise, comme la loi de sécurisation de l’emploi de 2013 puis la loi Rebsamen de 2015, à renforcer la négociation collective. Les partenaires sociaux sauront-ils s’emparer de ces sujets ou le gouvernement sera-t-il contraint de légiférer pour combler un vide ? Bon nombre d’observateurs doutent des chances concrètes de voir les ambitions gouvernementales satisfaites.
Ainsi, Louis Gallois est-il amené à relancer l’idée du chèque syndical, évoquée une première fois en octobre par Manuel Valls. Les arguments qu’il évoque visent en premier lieu la nécessité d’incitations réelles à l’adhésion aux syndicats. Sa prise de position est en phase avec ses expériences de patron de grandes entreprises, de la SNECMA à PSA en passant par la SNCF et EADS.
Le MEDEF n’est pas opposé à cette idée, et AXA, l’un de ses fleurons, l’a déjà mise en œuvre depuis plus de 20 ans par le biais d’un bon de financement que les salariés peuvent utiliser pour adhérer au syndicat de leur choix. Du côté des petites entreprises, la CGPME juge l’idée « inacceptable », considérant qu’ « il est hors de question que l’entreprise paye pour qu’un salarié adhère à une organisation ». Le doute existe aussi du côté syndical puisque si la CFDT se montre favorable, FO estime que «ça fait trente ans que ça existe et ça ne marche pas, ça donne même lieu à du trafic».
D’autres courants d’idées ont tenté de promouvoir un « syndicalisme d’adhérents », (cf la revue du Trésor de mai 2014 ; TRÉSOR-ÉCO – n° 129 – Mai 2014), caractérisé par un financement provenant principalement des adhérents fidélisés par une offre de services décidée de manière stratégique par des syndicats contraints d’attirer de manière permanente des nouveaux membres.
Enfin, quand bien même les salariés adhèreraient en plus grand nombre, les dirigeants d’entreprise joueraient-ils tous le jeu de la négociation collective ? Ceci est une autre histoire…
Auteur : Jérôme Rémy, Senior Manager