Wavestone s’infiltre dans les coulisses des Forces Armées françaises pour vous livrer les secrets les mieux gardés sur l’engagement total de ces personnes, prêtes à tout au travail.
En juin dernier, Marc Godard, Manager People & Change expliquait dans cet article que l’entreprise devrait chercher à favoriser au maximum l’engagement au travail en se servant de leviers tels que l’environnement de travail ou les modes de management. Or, seuls 10% des collaborateurs des grandes entreprises occidentales sont fortement engagés[1], alors même que le lien entre engagement et performance de l’entreprise est désormais sans équivoque.
A l’inverse, nous pouvons nous demander s’il existe plus forte preuve d’engagement que celle de risquer sa vie au sein des forces armées. En 2012, Kenexa publia une étude qui révélait un Index d’Engagement des Employés de 75% parmi les forces armées britanniques, contre 42% au sein du secteur bancaire ou encore 46% dans l’industrie alimentaire[2]. Pour en comprendre les raisons, nos équipes ont rencontré P. et A., des militaires[3] ayant accepté de soumettre leur expérience professionnelle aux regards de nos experts RH.
L’engagement des forces armées commence dès lors qu’ils font ce choix de carrière.
Pour P., Général de corps d’armée, cette décision représente un signe d’engagement en soi puisqu’elle ne peut exister que si l’on a une véritable « vocation pour le métier », puisqu’on accepte « de sacrifier sa vie, pour protéger celle d’autrui ». Mais pourquoi certains font-ils ce choix de carrière ? Pour A., réserviste opérationnel, s’engager dans l’armée relève de « causes qui vont au-delà de soi » mais qui permettent de « définir sa personnalité, son histoire, son but ». Il semble alors qu’une personne engagée ne le fait pas de manière unilatérale, mais que les activités exercées lui apportent un développement personnel, de la reconnaissance, voire même du plaisir au travail.
Une forte adéquation des convictions personnelles et des valeurs véhiculées par l’institution militaire.
Dépassement de soi, patriotisme, sécurité… sont autant de valeurs qui poussent chaque jour les militaires à prendre des risques de manière consentie, au service de la défense nationale, de la protection de la population et des biens. A. ne voit aucun inconvénient à y « consacrer du temps personnel ». Pour lui « la mission est sacrée. Toute mission qui [lui] est confiée doit être exécutée jusqu’au bout en y mettant du cœur ». Ce sentiment d’utilité évidente et tangible donne un sens à son travail, et renforce son engagement au quotidien.
La cohésion et la confiance comme moteurs de l’engagement au quotidien.
Pour P., être cadre dans l’armée signifie avant tout « être le guide d’une équipe, l’emmener quelque part et être sensible au bien-être des personnes et à celui de leurs familles ». En tant que « manager », P. insiste sur la responsabilité qu’il a d’entretenir cet esprit de confiance et l’importance de l’esprit de volontariat partagé de tous. Cette bienveillance suscite naturellement la reconnaissance des militaires et crée un fort esprit de confiance et de loyauté envers l’institution, le régiment, la compagnie et les camarades.
Finalement, la complexité de l’engagement des forces armées réside dans le subtil équilibre qui existe entre les intérêts individuels de chacun, dans la réalisation d’un objectif de vie et le dépassement de soi, et les intérêts communs incarnés par le sens même de la mission et de la fonction de l’institution militaire.
[1] Étude internationale Gallup 2017 dédiée à l’engagement collaborateurs
[2] Kenexa WorkTrends Survey – 2012
[3] Nous préservons l’anonymat des personnes interrogées afin de respecter leur devoir de réserve
Ecrit par Abir RAMDANI, Consultante People & Change