L’agritech, un progrès réellement durable ?

La Ferme Digitale organise aujourd’hui le LFDay 2023. Avec la présence de 120 startups et plus d’une trentaine de speakers français et internationaux, cet évènement démontre le dynamisme de notre « French Agritech ». Mais, quels sont les bénéfices de cette révolution ? Quelle empreinte laissera-t-elle aux générations futures ?

Le numérique est incontestablement l’un des piliers de la troisième révolution agricole française. Celle-ci doit permettre à notre agriculture de répondre à de nombreux enjeux : compétitivité, souveraineté alimentaire, durabilité et résilience. Et le Gouvernement français la soutient à hauteur de plus de 2,3 milliards d’euros dans le cadre de France 2030. L’objectif est clairement d’accélérer pour faire de notre pays l’un des premiers acteurs :

  • Deux appels à projet de plus de 200 millions d’€ lancés depuis fin 2021 à travers French Tech Agri20;
  • Plus d’un 1 milliard d’euros de budget annuel dont presque 80% sont issus de subventions publiques pour l’INRAE, considéré comme le 1er organisme de recherche spécialisé au monde en agriculture, alimentation et environnement.

Toutes ces innovations numériques œuvrent en faveur de la durabilité dans des domaines d’application très variés. Dans le domaine de l’environnement, des startups utilisent le numérique pour minimiser les apports d’intrants ainsi que les traitements et revitaliser les sols pour une agriculture plus respectueuse de la Terre. Dans le domaine des techniques agricoles, l’automatisation des tâches agricoles est au cœur des préoccupations afin de permettre aux agriculteurs de réduire la pénibilité et la charge mentale des agriculteurs. L’enjeu est bien de pérenniser une profession qui est en baisse constante et dont la durée moyenne hebdomadaire de travail s’élève à 55 heures. Enfin, d’autres s’attèlent à proposer une meilleure alimentation en améliorant les techniques de stockage alimentaire, les circuits courts et la traçabilité, mais aussi en développant de nouvelles espèces ou de nouvelles formes de culture.

La troisième révolution agricole est bel et bien en marche. Toutefois, les bénéfices qu’elle promet ne seront réellement durables que sous certaines conditions. Un working paper de l’Einstein Center Digital Future, intitulé « Aligning digitalization with agroecological principles to support a transformation agenda » met en garde contre les dangers du numérique. Il permet notamment de générer de nouveaux business models dont l’agriculteur n’est pas totalement bénéficiaire, voire le rendent encore plus dépendant de son écosystème. En effet, les outils de production agricole intègrent plus de technologies pour lesquelles l’agriculteur n’est pas formé ou qui sont protégées par leur fabricant. Les agriculteurs ne sont ainsi plus en mesure de les réparer eux-mêmes. Ensuite, ces solutions produisent de grandes quantités de données qui sont collectées et valorisées pour être revendues aux agriculteurs. Enfin, le bilan carbone de ces technologies est mal évalué sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Au final, il est difficile d’apprécier le bénéfice des solutions mises en œuvre au regard de l’énergie qu’il faut dépenser pour leur implémentation, et des avantages environnementaux et sociétaux qu’elles génèrent.

Nombre de ces problématiques seront abordées au cours du LFDay 2023 en croisant les regards entre startups, industriels, investisseurs et  … agriculteurs. Placer la profession au cœur de la transformation est certainement le facteur clé le plus important. Qui mieux que l’agriculteur sera capable de s’approprier les solutions et les adapter aux besoins locaux pour une agriculture durable et nourricière ?

 

Sources :

Agnès Doisy, Senior Manager

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