L’intensification numérique (NTIC[1]) est aujourd’hui une réalité pour l’entreprise : applications professionnelles, réseaux sociaux, web 2.0, objets connectés…autant d’outils qui viennent solliciter l’agilité des collaborateurs. Selon le Baromètre Ipsos Edenred 2015 « Les salariés européens face à la révolution numérique en entreprise », si 80% des salariés interrogés considèrent que le numérique a un impact positif ou neutre dans leur organisation, 20% d’entre eux s’inquiètent de l’impact de ces mêmes technologies sur leur équilibre vie privée vie professionnelle.
Des résultats qui démontrent toute l’ambivalence des NTIC en milieu professionnel. On s’accorde à leur reconnaitre beaucoup d’avantages : ils favorisent une communication plus collaborative, augmentée, et font gagner à tous en temps et en productivité. En revanche, cette augmentation de la circulation de l’information, en volume comme en fréquence, accélère le rythme de travail, véhicule un sentiment d’urgence, de surcharge ; potentiellement facteur de déstructuration et de stress pour le salarié.
A tous les niveaux de l’entreprise, le numérique interroge : comment concilier les évolutions technologiques avec mon organisation ? Comment penser les usages et modes de management associés ? Surtout, comment s’assurer alors que l’usage des NTIC rime avec qualité de vie pour les collaborateurs ?
S’adapter aux évolutions des modes de travail, tout en protégeant le lien social et en préservant la santé des collaborateurs, tel est le défi de l’employeur, rappelé notamment par l’ANI du 19 juin 2013, qui se prononce sur la promotion d’une « gestion intelligente des technologies de l‘information et de la communication au service de la compétitivité des entreprises, respectueuse de la vie privée des salariés ».
La réflexion autour de l’usage des outils numériques en milieu professionnel peut s’articuler selon 3 grands axes, questionnant l’organisation autant que l’individu :
- Le respect de l’équilibre vie privée / vie professionnelle, à l’heure ou la connectivité ininterrompue rendue possible par les smartphones et les ordinateurs portables remet en question les notions de temps et de lieux de travail
- La gestion de la confidentialité et la protection des données personnelles des collaborateurs, dans le cadre de l’usage de matériel numérique personnel à des fins professionnelles, mais également dans le cadre de la « vie numérique » du collaborateur sur son poste de travail : emails, SMS, usage des réseaux sociaux professionnels …
– l’évolution de la relation managériale, interrogée par les nouveaux modes de travail à distance
Face à ces enjeux, l’entreprise doit adresser une politique globale d’accompagnement des usages et de prévention des risques. Voici 5 facteurs clés de succès pour une transformation digitale respectueuse de la qualité de vie au travail :
– Faire reposer l’inventaire et l’analyse des pratiques numériques au sein de l’entreprise sur une logique bottom-up : encourager les retours d’expérience, mener une démarche participative, et ainsi adapter l’organisation aux pratiques numériques existantes des collaborateurs,
– Initier la réflexion sur l’usage des NTIC avec les partenaires sociaux, pour s’assurer que ces nouvelles pratiques soient accompagnées de nouveaux droits,
– Favoriser l’appropriation des NTIC en formalisant les comportements souhaités (chartes), en relayant les bonnes pratiques (communication institutionnelle)…
– Privilégier la sensibilisation plutôt que la formation des collaborateurs : chaque salarié étant « juge et partie », la promotion d’attitudes responsables et la prévention des comportements addictifs aux NTIC est le meilleur moyen d’engager un cercle vertueux
– Identifier, au sein de l’organisation, les relais stratégiques de la qualité de vie numérique et incarner la démarche ; que cela soit au travers d’une direction dédiée (Direction digitale par exemple), ou d’un comité mixte RH-DSI-Juridique ;
La qualité de vie digitale est par essence un axe de transformation transverse au sein des organisations. Pour la fonction RH, c’est à la fois une grande responsabilité, mais également une formidable opportunité d’accompagner la transformation numérique en garantissant la prise en compte des enjeux sociaux et organisationnels.
Auteur : Camille Charmasson, Consultante, RH – Management
[1] Nouvelles technologies de l’information et de la communication