Le 22 février 2012, la cour d’appel de Versailles a manqué une nouvelle occasion de clarifier le recours à la publication de propos tenus à l’encontre de l’employeur sur les réseaux sociaux, en justification d’un licenciement pour faute grave.
En effet, en cassant le licenciement pour vice de procédure de 2 anciens salariés d’Alten qui s’étaient révoltés contre leur DRH sur Facebook, la cour d’appel a maintenu le flou juridique qui entoure la dichotomie sphère privée/sphère publique de ces sites.
La prise de conscience grandissante de l’auditoire auquel ces outils donnent accès à titre « privé » laisse cependant présager d’une assimilation à court termes de ces publications à des commentaires publics.
Pouvons-nous pour autant espérer que les 20.000.000 d’abonnés, revendiqués par Facebook pour le seul territoire français, se plient de bonne grâce à une éventuelle décision de justice et changent leurs habitudes de « consommation » des réseaux sociaux pour se plier à une règle, qu’ils pourraient d’ailleurs ignorer de bonne foi ?
Plus que jamais l’interconnexion entre le monde digital et monde réel, tendant vers une disparition de la frontière entre ces deux univers, nécessite une prise de conscience des entreprises et de leurs directions des ressources humaines.
Afin d’éviter les dommages collatéraux d’un buzz négatif, alimenté accidentellement ou non par les indiscrétions des employés, les opérations de sensibilisation auprès des collaborateurs doivent aller au-delà de la simple signature d’une charte de « Nethique ».
La réaction naturelle face à la multiplication de ces « affaires Facebook » pourrait être une défiance grandissante face aux réseaux sociaux, et une tendance protectionniste vers un cloisonnement renforcé de leurs utilisations (par exemple en en bannissant l’usage sur le lieu de travail).
Et si la solution passait par une intégration plus complète des réseaux sociaux dans la vie quotidienne de l’entreprise ? Certains bons élèves, tel le fleuron de la cosmétique française L’Oréal, semblent penser de la sorte et transforment le « risque Facebook » en un outil efficace de diffusion de la culture de l’entreprise par ses employés, mais également auprès de leurs amis du net, faisant du réseau social un véritable outil de marketing RH.
L’outil social faisant partie intégrante, tant de la vie professionnelle des collaborateurs que de leur vie privée (l’utilisation des options de confidentialité permettant le cas échéant de cloisonner les deux), les risques d’impairs sont fortement diminués et l’entreprise est à même d’optimiser le potentiel de ces réseaux pour son propre marketing.
Une piste à creuser ?
Auteur : Florent MARTIN, Consultant, RH-Management