FIE et Kurt Salmon, ont présenté l’étude « Créations et destructions d’emploi en France en 2013 » le 20 mai à la presse. La présence de nombreux journalistes de la presse spécialisée, que nous tenons à remercier pour leur présence, atteste de l’intérêt porté à cette publication désormais annuelle.
Cette dernière étude met en lumière des évolutions sensibles par rapport aux années précédentes notamment le fait que les créations d’emplois ne compensent plus les destructions qui se poursuivent dans l’Hexagone. Le secteur industriel est ainsi le plus touché malgré la politique de redressement productif voulue par le gouvernement. L’étude souligne également que de nombreuses PME se sont retrouvées en liquidation ou en redressement judiciaire en 2013 confirmant les difficultés rencontrées par les PME et les ETI. Enfin, concernant la R&D, les évolutions du dispositif du Crédit Impôt Recherche, qui avait eu un impact en termes de créations d’emploi ces dernières années, pourraient faire émerger de nouvelles menaces de destructions d’emploi dans un avenir proche.
Ce moment d’échange privilégié a permis à nos deux cabinets d’apporter des précisions sur la méthodologie employée, de commenter quelques chiffres complémentaires, d’apporter un éclairage engagé sur la synthèse de l’étude avant de tracer quelques perspectives qui ont ensuite laissé place aux traditionnelles questions – réponses, temps fort de cette présentation.
Parmi les points mis en exergue il convient de retenir :
– la question de la pression fiscale et sociale
40% représente la moyenne de cette dernière dans le monde : la France en comparaison se situe à 67%, chiffre qui laisse à réfléchir…
– la vision d’une majorité de chefs d’entreprise
Malgré une main d’œuvre riche en compétences, les chefs d’entreprise déplorent un droit social et des lois trop complexes, un paysage politique diffus, et un dispositif législatif et fiscal instable qui inhibent ou contrarient les projets de création d’emploi. Il en ressort donc que malgré un cadre structurant, la politique de l’emploi reste trop mouvante.
Cette perception rejoint la question centrale de l’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers et donc de sa crédibilité à l’international.
A l’évidence, la France dispose de nombreux atouts mais, comme l’a démontré l’Allemagne, l’enjeu de la compétitivité n’a pas encore trouvé sa solution..
– une multiplication des acteurs
Dans les méandres du droit fiscal et social, la présence d’acteurs nationaux, régionaux et locaux et l’imbrication de compétences territoriales complexes ne facilitent pas toujours la tâche pour les chefs d’entreprise.
– vers une vraie GPEC
Suite aux obligations de mise en place d’une GPEC au sein des entreprises, la mise en place d’une GPEC s’était majoritairement arrêtée à des accords plus déclaratifs qu’opérationnels.
Désormais confrontés à un besoin de vision stratégique, les DRH s’engagent à présent dans une démarche d’anticipation plus pragmatique et plus concrète pour poser les bases d’une GPEC opérationnelle permettant une gestion des besoins et des compétences des salariés sur le moyen et long termes avec une meilleure efficacité.
– une politique de l’emploi en pleine mutation
Avec la loi de sécurisation de l’emploi et l’ANI, les accords de maintien de l’emploi montrent ainsi une réelle prise de conscience des partenaires sociaux et du législateur concernant la situation critique de l’emploi en France.
Les débats avec les journalistes ont cependant mis en exergue des doutes sur l’efficacité potentielle de la loi du 29 mars 2014 visant à reconquérir l’économie réelle, dite loi Florange, qui oblige un employeur à rechercher un repreneur en cas de projet de fermeture d’un établissement rentable.
Le constat de Michel Ghetti, président de FIE, confirme cette interrogation : « Il n’y a aucun effet dissuasif pour les entreprises qui ont décidé de quitter le territoire, a-t-il souligné, tous ces textes s’empilent les uns sur les autres et ne permettent pas la recherche pérenne de l’emploi ».
« Nous comprenons que les secteurs stratégiques soient protégés, notamment quand l’indépendance de la France est menacée, par exemple en matière énergétique… Pour le reste c’est un leurre, car la stratégie des groupes échappe au gouvernement ».
– s’occuper des salariés qui restent
Claude Bodeau Senior Partner de Kurt Salmon a rappelé que le Social devait aller vers l’organisation et qu’il est important d’investir lors des restructurations pour les salariés qui restent. Un Chiffre en France nous dépensons de 80 à 200 K€ pour l’accompagnement de ceux qui partent et moins de 1 K€ pour ceux qui restent. Notre travail est de changer cet état de fait et faire changer les mentalités pour soutenir les managers et les salariés.
La politique de l’emploi doit donc encore évoluer afin d’attirer de façon pérenne les entreprises en France.
Anticiper, comme vous avez pu le constater est le maitre mot de la politique de l’emploi en France afin de redémarrer la croissance. Tel était l’un des nombreux enjeux de cette étude, celui de partager plusieurs points de vue pour qu’ils puissent ainsi être véhiculés et enrichis par l’ensemble des acteurs de l’emploi en France. Le débat est lancé !
Rien n’est perdu car la France n’est pas boudée par les investisseurs étrangers. L’espace à conquérir existe, il reste à mobiliser les acteurs pour initier avec succès la dynamique de reprise dont le Royaume Uni et l’Allemagne semblent avoir bénéficié en 2013.
Auteur : Aurélien Bac, Consultant, RH-Management