Franck Riboud livre les clés de l’engagement social chez Danone

Invité de la 44 e édition du Club des Échos en partenariat avec Kurt Salmon, Franck Riboud est revenu sur un parcours familial. De ce parcours, il en garde avant tout deux éléments : la passion pour les produits (« il n’y a rien de pire que de voir un commercial qui n’aime pas ses produits ») et la décision par l’instinct. Si les produits ont toujours été au centre des décisions de Danone, l’intuition a également une place centrale. Comment définit-il son rôle au sein de Danone? « Créer l’équilibre entre les clients, les produits et les collaborateurs ».

Danone : décider par l’instinct et viser le progrès économique et social

Franck Riboud est invité à se prononcer sur l’ambition et les enjeux business du groupe. Il rappelle qu’une entreprise se doit de viser la productivité, le profit et l’efficience financière. L’essentiel est de savoir comment sont atteints les objectifs, c’est-à-dire la manière de le faire, comment sont exploités ensuite ces résultats, et comment ils sont partagés.

Pour s’expliquer, il compare l’entreprise à un lion : « Il vaut mieux s’approcher d’un lion quand il a bien mangé que quand il a faim, il y a moins de risque qu’il vous dévore ». Dans le monde de l’entreprise, il en est de même : il vaut mieux agir et réformer tant que l’entreprise va bien et qu’elle peut offrir à ses collaborateurs des solutions économiquement et socialement judicieuses.

Il nuancera son propos en rappelant qu’il parle pour de grands groupes de la taille de Danone, la réalité pour des PME et TPE étant sûrement différente.

Alors, cette approche doit être visible au sein de l’entreprise. Elle peut s’affirmer dans la construction des rémunérations variables. Encore une fois, l’important n’est pas dans le résultat mais dans le comment. Chez Danone, la rémunération variable s’articule autour de 3 critères : 1/3 économique, 1/3 social, 1/3 environnemental.

De quoi donner des perspectives à la réflexion sur la performance RH, thème cher aux DRH : pour Franck Riboud, la performance est par définition sociale ET environnementale. Et oui, il est tout à fait possible de suivre concrètement des indicateurs de performance sociale :  » il est facile de savoir si un manager a développé au moins 2 collaborateurs pour lui succéder non? »

La mission que Danone se donne : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre

Il insiste sur « le plus grand nombre ». La poursuite de cette ligne passe par des orientations stratégiques brièvement évoquées : un développement international (Russie et Afrique), la transformation digitale, les relations entre industriels et distribution, « l’uberisation » de la consommation, etc.

Ce sont ses positions sur le rôle social et environnemental de l’entreprise qui nous interpellent.  Le double enjeu : Économique / social & environnemental. Il cite comme exemple le partenariat entre Danone et Mars pour s’occuper de l’ensemble de la filière lait.

L’engagement de l’entreprise est un axe stratégique fort; au plan individuel aussi. C’est ce qui lui permet de se transformer, d’améliorer sa productivité, de gagner en efficacité en le faisant bien, sans attendre d’être au pied du mur. Pas de progrès économique sans progrès social : c’est une conviction forte de sens.

Transmettre le pouvoir émotionnel de Danone pour faire vivre sa culture

Interrogé sur sa politique RH et l’attractivité de Danone, Franck Riboud souligne l’importance des racines, ce qu’il appelle « le track record ». La culture d’entreprise se construit sur l’histoire, la conscience des choix et des hommes. Elle s’entretient. Il est plus aisé de s’appuyer sur ce qui a fait et ce qui fait l’entreprise (passé et présent) que sur la vision prospective (futur). Expliquer les facteurs humains derrière les grandes décisions stratégiques, c’est créer un code génétique partagé. Ainsi, deux à trois fois par an, il rencontre des jeunes de Danone pour leur transmettre les histoires émotionnelles qui ont construit Danone (« y mettre de la chair »). Chaque niveau de l’organisation doit relayer et incarner cette culture de l’émotionnel.

Un manager Danone est un manager courageux

Quant aux qualités souhaitées chez un manager, il cite le courage, l’intuition et l’agilité. Pour lui, « le management, c’est 90% d’émotionnel » : être capable de donner du sens aux collaborateurs.

Pour lui, dès le recrutement d’un collaborateur, le manager endosse une responsabilité forte car il devra par la suite accompagner jusqu’au bout ce nouveau collaborateur.

Danone affronte les enjeux traditionnels des grands groupes : recruter et fidéliser les potentiels, favoriser les mobilités, construire de vrais parcours professionnels pour la filière ouvrière.

En quoi se démarque Danone ? Dans la conscience, pour chaque processus RH, chaque acte managérial, d’une responsabilité sociale, à la fois individuelle et collective.

Auteurs : Camille Charmasson – Consultante, Margaux Sion – Consultante, RH- Management

 

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