Responsabilité environnementale

Ressources en eau : quels enjeux pour les industries ?

Il y a 1 an
Temps de lecture: 8 minutes
Par Le blog Sustainability

L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général.

Article 1, LOI n° 92-3 du 3 janvier 1992

L’eau est un bien commun et une ressource vitale. Sujette à des tensions croissantes et des conflits d’usage, elle reste essentielle pour les industries, car intervenant dans presque l’entièreté de leurs opérations. L’industrie se positionne dès lors comme l’un des secteurs les plus consommateurs en eau et une mauvaise gestion des activités peut engendrer un impact fort sur cette ressource – pouvant se traduire par des pénuries ou des problèmes de qualité (pollutions ponctuelles voire chroniques).

Les enjeux pour les industriels sont donc multiples et ces derniers doivent tenir compte de l’évolution des contextes climatique, politique, réglementaire et socio-économique pour mettre en place des stratégies de gestion de l’eau et ainsi minimiser leurs impacts sur l’environnement, les sociétés et la ressource.

Une ressource indispensable pour l’ensemble des opérations industrielles

Malgré des besoins en eau croissants, la part d’eau potable disponible sur Terre est faible : parmi les 3 % d’eau douce, seule 0,02 % s’avère être directement exploitable.

Entre 2010 et 2019 la France a prélevé en moyenne 27,6 milliards de m³d’eau par an dont 4,1 milliards de m³ ont été consommés (non réinjectés dans le milieu naturel). Les usages industriels représentent notamment 4% de la consommation et 9% des prélèvements. (MTE, 2023)

La production d’énergie se positionne comme l’activité la plus consommatrice d’eau suivie par l’industrie chimique, la production de papier, l’industrie agroalimentaire et la production de métaux. A titre d’exemple, 25 000 L sont nécessaires pour fabriquer une tonne de papier, entre 300 L et 600L pour produire 1kg d’acier et 400 litres pour obtenir 1kg de sucre.

Les activités industrielles exploitent en effet la ressource pour satisfaire la quasi-totalité de leurs opérations :

Directement pour les procédés industriels comme solvant ou matière première ;
Indirectement comme fluide caloporteur ;
En amont des différents processus pour les opérations de lavage (rinçage, évacuation des saletés, nettoyage des installations) et le transport des matières premières.

Evolutions réglementaires et autres initiatives pour une meilleure gestion de la ressource

*Objectifs et axes du* *plan de l’eau* *(Gouvernement, 2023)*

Face aux tensions croissantes, des évolutions réglementaires et de nouvelles initiatives émergent. Des Assises de l’eau ont ainsi été organisées en septembre 2022, faisant suite à la forte sécheresse qui a touché la France l’été dernier. Elles ont conduit à l’établissement d’un Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau. Présenté en mars dernier, ce plan définit 53 mesures pour l’eau pour atteindre 10% d’économies d’ici 2030 : élaboration d’un plan d’adaptation au changement climatique précisant les trajectoires de réduction par grands bassins, lancement de l’outil « Ecowatt de l’eau », suppression des freins réglementaires pour la valorisation des eaux non conventionnelles (eaux usées traitées, eaux de pluies ou eaux d’exhaure) en industrie ou encore mise en place de « plans de sobriété » pour toutes les filières.

De même, à l’issue de la COP15 Biodiversité de 2022, la directive Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) a été publiée. Son objectif est de standardiser les rapports sur le développement durable des entreprises de l’Union Européenne via des normes et indicateurs : les ESRS. Les 12 ESRS sont déclinés en plusieurs Disclosure Requirements (DR), comportant un ou plusieurs indicateurs. L’ESRS E3 s’intéresse en particulier aux ressources hydriques et marines, plus spécifiquement aux relations entre l’entreprise et les ressources tout au long de leurs processus et chaîne de valeur. Les industries doivent ainsi évaluer leurs impacts sur les ressources hydriques et marines, rendre compte de leurs stratégies et actions mises en place pour les tenir et en estimer les impacts financiers. Les 5 DR considérés pour l’ESRS 3 ne sont cependant à ce jour pas obligatoires : l’obligation de renseignement des DR dépend de la matérialité du sujet de l’entreprise.

L’eau, un enjeu environnemental, social et économique pour les entreprises

La gestion de l’eau s’inscrit parfaitement au cœur de l’économie circulaire : en produisant, consommant et valorisant mieux, les problèmes relatifs à la disponibilité et la qualité de la ressource pourront être limités. L’enjeu environnemental pour les industries est dès lors triple : porter une attention particulière à la production d’eau, réduire leur consommation et valoriser aux mieux leurs rejets.

Au-delà de l’enjeu environnemental, la responsabilité sociale des entreprises est également forte puisqu’elles doivent tenir compte de leur impact sur les populations locales (tant en termes de qualité que de quantité de la ressource). Cependant, face au changement climatique et aux tensions grandissantes sur la disponibilité, des conflits d’usages apparaissent. Ces tensions naissent souvent d’oppositions de valeurs, d’objectifs ou d’intérêts comme cela peut être le cas entre les acteurs économiques tels que l’industrie et les populations : entre besoin immédiat en eau pour le fonctionnement des sites industriels et préservation à long terme de la ressource pour subvenir aux besoins des générations présentes et futures.

Enfin, l’eau, utilisée pour les opérations industrielles représente un coût non négligeable pour les entreprises comprenant non seulement la consommation directe mais également les investissements et coûts de fonctionnement liés à son utilisation (installations, pompes et réseaux, énergie, maintenance ou analyse de la qualité). La gestion de l’eau se révèle avoir un impact économique pour les entreprises. Instaurer une gestion durable de ce bien commun vise certes à limiter les impacts négatifs sur la ressource et les autres écosystèmes mais peut aussi favoriser la diminution des coûts que l’utilisation de cette ressource représente.

Les enjeux liés à la gestion de l’eau sont dès lors multiples pour les industries : environnementaux, sociaux et économiques.

Les leviers d’action pour une gestion durable et efficace de l’eau

Dans ce contexte, le défi pour le secteur industriel réside dans la mise en place de mesures pour réduire sa consommation et gérer durablement la ressource avec pour objectifs de :

Réduire les besoins et adopter des habitudes de consommation durables,
Améliorer l’efficacité des processus de production,
Maximiser le recyclage et la réutilisation de l’eau, contrôler les rejets.

Cette gestion durable nécessite une bonne connaissance des systèmes de production et la réalisation d’un état des lieux pour le déploiement d’actions sur l’ensemble des activités mobilisant de l’eau. Ces nouvelles mesures s’inscrivent dans une stratégie plus globale de l’entreprise lui permettant de réduire ses coûts, d’améliorer l’efficacité et la productivité de son site industriel mais aussi et surtout de réduire son impact sur l’eau et l’environnement.

Une bonne stratégie se base en priorité sur la disponibilité des données : afin de questionner leurs usages pour réduire leur consommation il est essentiel pour les entreprises d’être en mesure de qualifier précisément leurs prélèvements, usages et rejets. L’analyse de ces informations mettra alors en lumière des points d’amélioration et pistes d’actions.

Pour accompagner les entreprises, et dans la continuité de l’initiative Science Based Targets (SBTi), de nouvelles cibles pour la nature (SBTn) ont été définies et permettent ainsi aux acteurs de fixer des objectifs alignés avec les Objectifs de Développement Durable et les limites planétaires. La question de l’eau douce trouve toute sa place dans ce nouveau référentiel visant à protéger et restaurer les biens communs. Un guide est mis à disposition avec pour but de permettre aux entreprises d’agir rapidement et efficacement pour réduire leur impact sur cette ressource en fixant des objectifs spécifiques, mesurables et limités dans le temps. 17 entreprises sont d’ores et déjà engagées dans le process de définition d’objectifs parmi lesquels Alpro (filiale de Danone), Bel, Carrefour, Corbion, GSK, H&M, Kering, L’Occitane, LVMH, Nestlé ou le groupe Holcim.

Fort de son expérience dans le secteur industriel, Wavestone est en mesure d’aider les acteurs concernés dans la mise en œuvre d’une démarche de gestion durable de l’eau via :

La réalisation de diagnostics et plans d’action sur la gestion de l’eau en industrie (dont l’identification des postes consommateurs ou à fort impact sur la ressource) : plans de sobriété hydrique en réponse au Plan national Eau par ex. ;
Le déploiement d’observatoires ou d’enquêtes pour objectiver les impacts d’un secteur d’activités et ses vulnérabilités ;
L’accompagnement dans la réflexion d’une stratégie RSE ambitieuse sur le volet eau ;
L’élaboration et la rédaction de politiques de sobriété eau ;
L’organisation d’instances de co-construction et échanges entre parties prenantes, internes et/ou externes ;
La réalisation d’études thématiques et prospectives sur les prélèvements, l’assainissement, l’impact du changement climatique sur les infrastructures concernées, les impacts socio-économiques associés, etc.

Le cabinet est également reconnu pour son expertise en conduite du changement (création et animation d’ateliers de créativité et formations) qui représente un réel atout lors de la mise en place d’une politique de gestion de l’eau. Cette compétence permet à Wavestone d’accompagner au mieux les industries pour le déploiement d’une nouvelle politique de gestion de l’eau et la mise en place de nouvelles pratiques d’utilisation et habitudes de consommation.