Les Biodéchets

Selon l’ONU, 8 à 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des pertes et déchets alimentaires. La gestion des biodéchets est ainsi cruciale pour la décarbonation de notre société. Selon l’Agence de L’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), près d’un tiers des poubelles des ménages en France est constitué de déchets organiques quand seulement 25% des habitants sont équipés pour effectuer le tri à la source des biodéchets, selon les chiffres du Ministère de la Transition Ecologique. 

Les biodéchets sont encore massivement mis en décharge, générant des gaz à effet de serre et rejetant des particules fines (50kg de végétaux brûlés émettent autant de particules fines que 13 000kms parcourus par une voiture diesel), ou incinérés alors qu’ils représentent une ressource importante de matière pouvant être valorisée : 

  • Sous forme de compost. L’application du compost sur les sols améliore considérablement leur capacité à absorber le carbone de l’atmosphère et à le fixer durablement dans les sous-sols. Le sol riche en matière organique séquestre du CO2, enrichit les sols et limite donc l’utilisation d’engrais ; 
  • Sous forme d’énergie. Dans un site d’enfouissement ou de méthanisation, les matières organiques se décomposent en absence d’oxygène et génèrent du méthane, qui peut être réinjecté dans le réseau de gaz naturel après épuration. 

Ces valorisations possèdent chacune des avantages et des inconvénients, notamment en fonction des territoires dans lesquels elles sont mises en place. Les déchets organiques sont produits par une multiplicité d’acteurs (ménages, entreprises, agriculteurs…) et peuvent être traités à différentes échelles. Une approche territoriale permet de déterminer les types de valorisation de la matière de manière pertinente, au regard des activités économiques locales et des solutions de valorisation existantes. 

C’est dans ce contexte que la loi AGEC de 2020 (Lutte contre le gaspillage alimentaire et Economie Circulaire) impose la mise à disposition d’un système de tri à la source des biodéchets pour tous les ménages d’ici au 31 décembre 2023. Les collectivités territoriales doivent donc proposer une solution à leurs administrés pour trier leurs biodéchets avant janvier 2024.  

Cependant, les collectivités ne sont globalement pas prêtes. Le président de l’association de collectivités Amorce (gestion des déchets, réseaux de chaleur et gestion locale de l’énergie), Gilles Vincent, lors de son colloque annuel, a déclaré : « Le tri des biodéchets à la source d’ici au 1er janvier 2024, c’est mission impossible. Ce n’est pas par manque de volonté politique locale. Mais les collectivités ont besoin d’aide pour déployer des solutions efficaces sans répercuter trop de surcoûts sur leurs administrés ». 

En effet, ce tri a tout d’abord un coût, qui n’est pas toujours pris en compte dans les politiques locales pour les années à venir. Le coût de gestion des biodéchets est estimé entre 5 et 29 euros par habitant et par an selon Amorce. Le traitement, le compostage et la méthanisation, ne représentent que 10 à 20% de ce coût.  

Il existe cependant des aides, bien que les 100 millions d’euros alloués aux biodéchets dans le plan de relance 2020-2022 aient déjà été consommés. En 2023, deux fonds sont encore mobilisables : le Fonds vert, à hauteur de 65 millions d’euros, et le Fonds économie circulaire de l’Ademe (90 millions d’euros). Mais ce niveau d’accompagnement financier reste insuffisant, et les modalités d’attribution sont mal adaptées à la gestion des biodéchets. C’est pourquoi, sur le Fonds vert, seuls 2% des dossiers d’aide déposés ciblent les biodéchets. 

Face à ce retard, le ministère s’est montré rassurant en précisant qu’il laisserait 2 à 3 ans aux collectivités pour monter en puissance à partir de 2024. « En revanche, l’objectif est que toutes les collectivités soient embarquées dans la démarche et qu’elles aient au moins lancé une étude de faisabilité au 31 décembre 2023 », précise Vincent Coissard, sous-directeur des déchets et de l’économie circulaire au Ministère de la Transition écologique.  

Dans ce contexte, un accompagnement (par des associations, des entreprises, des antennes locales…) des collectivités territoriales dans la mise en place de la démarche permettrait de se rapprocher le plus possible de l’objectif de la loi AGEC. Parmi les clés de la réussite de ces projets, on compte notamment la communication directe entre les usagers et les collectivités, l’adaptation du projet aux retours des ménages… En sachant que la poubelle jaune a mis plusieurs années à être acceptée et intégrée à leur tri par les Français, l’adhésion au tri des biodéchets est un enjeu à ne pas sous-estimer.  

Présentation de la mission SmartWaste  

Le projet d’expérimentation ABC (Alimentaire : des Biodéchets au Compost) Smart Waste est né de la volonté d’anticiper cette mise en place d’une collecte à la source des biodéchets par les collectivités territoriales. Reposant sur une expérimentation de terrain, le projet avait pour objectif d’analyser la mise en place de plusieurs solutions de valorisation de biodéchets alimentaires sur deux territoires distincts :  

  • Une commune densément peuplée, caractérisée par la prédominance de logements collectifs : Cannes (06), de la Communauté d’Agglomération Cannes Pays de Lérins. Plus précisément, le quartier du Petit Juas a accueilli l’expérimentation ; 
  • Une commune peu dense composée en grande partie de logements individuels : Rians (83) de la Communauté de Communes Provence Verdon. 

Trois systèmes distincts de collecte et de valorisation des biodéchets alimentaires ont pu être testés sur ces deux territoires : 

  • A Cannes : collecte de biodéchets en Point d’Apport Volontaire (PAV) dans le cadre d’un compostage industriel centralisé
  • A Rians, deux systèmes de valorisation de proximité : 
    • Compostage collectif (CC) : gestion partagée grâce à l’installation de composteurs collectifs dans l’espace public ;
    • Compostage individuel(CI) : gestion domestique grâce à la distribution de composteurs individuels.

Ce projet s’appuie sur l’initiative européenne LIFE IP – SmartWaste, qui a pour vocation d’impulser 7 projets d’actions concrètes autour de la gestion intelligente des déchets. Il est donc soutenu par la Commission Européenne, et également par les collectivités des deux territoires concernés (La Communauté d’Agglomération Cannes Pays de Lérins et la Communauté de Communes Provence Verdon). Wavestone a assuré l’ensemble des étapes de conception et de déploiement de l’expérimentation (PMO), ainsi que l’analyse et la valorisation des résultats.

L’expérimentation a mis en exergue les difficultés que les collectivités pouvaient connaître pendant la mise en place de la solution de collecte de biodéchets, et les solutions, parfois simples, à ces freins.  

Nous avons ainsi produit un livre blanc présentant les principales conclusions et enseignements de l’expérimentation, ainsi que des retours d’expérience pratiques pour les collectivités, articulés en 10 questions (Livre Blanc Smart Waste) :  

  • Quel mode de gestion et de collecte des biodéchets choisir ?  
  • Comment anticiper les volumes de biodéchets à valoriser et le rythme des dépôts dans le cadre du dimensionnement du service ? 
  • Comment choisir les modèles de composteurs à déployer sur le territoire (individuels et/ou collectifs) ? 
  • Quelles sont les bonnes pratiques en matière de sélection du matériel de compostage ? Sur la base de quels critères ? 
  • Comment choisir l’implantation des points d’apport volontaire et des lieux de compostage ? 
  • Quelles sont les nuisances à anticiper et comment les éviter ? 
  • Comment informer les ménages sur l’existence du service et les consignes à respecter ?  
  • Comment mobiliser et impliquer les ménages sur le long terme ? Quels enjeux de communication ? 
  • Quels usages possibles des nouvelles technologies pour suivre et améliorer la collecte des biodéchets ? Avec quels enjeux ?  
  • Quelles sont les retombées associées au tri et à la valorisation des biodéchets ? 

Wavestone est donc en mesure d’accompagner les collectivités territoriales dans la mise en place de projets autour de la gestion des biodéchets, et plus largement d’expérimentations au plus près des territoires.  

Sources

ONU, Comment le compostage peut réduire notre impact sur la planète

ADEME, (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) : Agence de la transition écologique

ADEME, Valorisation des biodéchets, 2021

ADEME, Valorisation des biodéchets, 2021

AMORCE, Déchets, Energie, Eau

Tri des biodéchets : le rendez-vous raté du 1er janvier 2024 (lagazettedescommunes.com)

Elise
DUPUCH
Consultante
Julia
TEISSEYRE
Senior Consultante
Fanny
FRÉCON
Manager
Albane
DEMARET
Consultante
Marie
DEGOUL RINGOT
Consultante

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