Les 23 et 24 octobre 2024, le Women’s Forum Global Meeting a réuni plus de 1 800 participants à Paris autour du thème « Reconciliation: Fostering Unity Through Gender Equality » [« Réconciliation : Favoriser l’unité grâce à l’égalité des genres »]. En tant que partenaire de cet événement, Wavestone est fier d’avoir contribué à encourager le dialogue et à animer des discussions engageantes. Avec 190 intervenants et plus de 50 sessions, le Forum a mis en lumière la manière dont un leadership inclusif en matière de genre peut combler les divisions et relever les défis mondiaux. Abordant des sujets allant du climat à l’innovation technologique, l’événement a lancé un puissant appel à l’action pour l’unité à travers le prisme de l’égalité des genres.
Les 3 points essentiels à retenir de Wavestone
1. Au-delà des inégalités : créer des lieux de travail sûrs et dignes de confiance
Le baromètre du Women’s Forum 2024 révèle des réalités préoccupantes : 74 % des travailleurs ont été témoins de comportements sexistes, et 52 % des femmes déclarent subir des désavantages liés au genre, notamment des écarts de rémunération (28 %), l’attribution de tâches en deçà de leurs qualifications (22 %), et des difficultés à accéder à des rôles dominés par les hommes (12 %). Au-delà des inégalités de genre, deux tiers des femmes ne se sentent pas capables de parler de leur santé mentale au travail, 6 femmes sur 10 ne signalent pas de harcèlement sexuel par peur d’être jugées, et 47 % s’inquiètent pour leur sécurité lorsqu’elles voyagent pour des raisons professionnelles.
La prise en compte de ces problématiques a été au cœur de la session “Addressing the Complexity of Violence in the Workplace” [“Aborder la Complexité de la Violence au Travail”], animée par Jean-Baptiste Blondel, Associate Partner chez Wavestone, avec les contributions de Karen Noblinski, avocate spécialisée dans le cyberharcèlement et les violences sexuelles, et Emanuela Croce de CARE France. Emanuela a souligné l’importance de ratifier la Convention 190 de l’OIT pour éliminer la violence et le harcèlement au travail, plaidant pour des environnements sûrs et bienveillants.
Parmi les solutions concrètes proposées : protéger les victimes via une mobilité géographique ou des ajustements d’horaires, simplifier les processus – comme en Espagne où la police intervient directement sur les lieux de travail – et proposer des formations pour aider les salariés à détecter les signaux et à soutenir les victimes. Les entreprises doivent répondre à trois questions essentielles : Comment rétablir la confiance ? Qui est responsable ? Et qui garantit l’efficacité du système ? Un lieu de travail sûr n’est pas seulement un objectif – c’est une nécessité.
Un autre point crucial a mis en lumière le rôle des entreprises dans la prise en charge des violences domestiques, élargissant ainsi leurs responsabilités au-delà des questions directement liées au travail. Les organisations ont un rôle clé à jouer en matière de prévention, de soutien et d’adaptation des conditions de travail pour les salariés victimes de violences conjugales. Des initiatives volontaires comme le réseau OneInThreeWomen – le premier réseau d’entreprises en Europe engagé dans la lutte contre les violences domestiques – visent à mettre en évidence l’impact de ces violences sur les entreprises et le rôle déterminant que celles-ci peuvent jouer pour les combattre.
2. Des villes inclusives sont des villes sûres
“To be safe in public spaces is to be free” [“Être en sécurité dans les espaces publics, c’est être libre”] déclare Catherine Cuillerier, Directrice technique chez Equans. Pourtant, 40 % des femmes se sentent en insécurité dans les transports publics, et une femme sur deux a refusé des opportunités professionnelles en raison du harcèlement de rue. L’impact est clair : lorsque les femmes ne se sentent pas en sécurité, leur épanouissement personnel et professionnel est entravé.
Comment rendre les villes véritablement sûres et inclusives ?
- Sensibiliser : Avec “90% of harassment cases happening in front of witnesses » [“90 % des cas de harcèlement se déroulant en présence de témoins »] – mais “80% of witnesses failing to intervene » [“80 % des témoins ne réagissant pas »] – des programmes de formation comme ceux lancés par RATP Dev pour leurs salariés sont essentiels.
- Collecter des données : Comme l’a expliqué Hiba Fares, PDG de RATP Dev, « Without KPIs, we cannot drive meaningful change » [« Sans des indicateurs clés de performance, nous ne pouvons pas provoquer des changements significatifs »]. Le suivi des incidents est la première étape pour garantir la responsabilité.
- Encourager la participation citoyenne : Donner aux communautés le pouvoir de façonner leurs villes tout en tenant les décideurs politiques responsables garantit l’inclusion et la confiance.
- Investir dans des mesures de sécurité : Des initiatives comme les arrêts de bus de nuit à la demande de RATP servent tous les passagers et renforcent le sentiment collectif de sécurité.
Créer des villes sûres n’est pas seulement une question d’infrastructure, il s’agit de garantir la liberté et l’égalité des opportunités pour toutes et tous.
3. Diplomatie Féminine : une clé pour la coopération et la paix
Malgré les progrès réalisés, les femmes restent largement sous-représentées dans la diplomatie mondiale – seulement 19% des chefs des délégations à la COP 28 étaient des femmes, et seulement 2% des délégations avaient atteint la parité homme-femmes. La diplomatie féministe cherche à changer cela, en promouvant non seulement l’inclusion des femmes mais aussi en favorisant la coopération et la paix.
Les bénéfices sont clairs : les recherches montrent que lorsque les femmes sont impliquées dans le maintien de la paix, « peace is achieved faster » [« la paix est instaurée plus rapidement »], et les traités durent « 15 years longer » [« 15 ans de plus »]. Shelley McKinley, vice-présidente de Microsoft et directrice juridique de GitHub, a souligné comment les femmes renforcent les démocraties, tandis que Mona Shina, directrice exécutive mondiale de Equality Now, a mis en lumière le besoin de soutien des hommes pour faire avancer ces efforts.
Introduite en 2014, la diplomatie féministe reste cependant un travail en cours. Bien que 20 pays affirment l’adopter, il n’existe pas de définition unifiée ni de feuille de route. Comme l’a justement dit Jocelyne Adriant Mebtoul, présidente de la Commission internationale du Haut Conseil pour l’Égalité des Genres, « Feminist Diplomacy: International and European Challenges » [« Diplomatie féministe : Défis internationaux et européens »] : la diplomatie féministe est une « real weapon of peace » [« véritable arme de paix« ], et la construction d’un cadre cohérent, à commencer par l’UE, pourrait libérer tout son potentiel.
Un Appel à la Réconciliation
Comme l’a si bien exprimé Jane Goodall : « We’ve never had more need of reconciliation between countries, communities & families. It’s not only between us humans that we need reconciliation. We must learn to respect nature, find ways to interact with other species, hoping that there will be forgiveness. Both men and women have important roles to play in creating a better world. There are different qualities in men and women, and we need both to create a world where we live in peace & harmony. » [« Nous n’avons jamais eu autant besoin de réconciliation entre les pays, les communautés et les familles. La réconciliation n’est pas nécessaire uniquement entre nous, les humains. Nous devons apprendre à respecter la nature, trouver des moyens d’interagir avec d’autres espèces, en espérant qu’il y aura le pardon. Tant les hommes que les femmes ont des rôles importants à jouer pour créer un monde meilleur. Il existe des qualités différentes chez les hommes et les femmes, et nous avons besoin des deux pour créer un monde où nous vivons en paix et en harmonie ».]
Ses mots résument l’essence du Women’s Forum de cette année : un rappel puissant que construire un monde meilleur est un effort collectif, qui nécessite l’unité, le respect et la collaboration au-delà de toutes les divisions.