PARTIE 1 : LES ENTREPRISES QUI REPARTIRONT VITE SONT CELLES QUI S’APPUIERONT SUR LEURS « AXES DU MONDE »

Nous sommes indéniablement dans une période de grande incertitude.

Incapables d’évaluer précisément tous les impacts du confinement, les risques de reprise de l’épidémie, les conséquences économiques à long terme, la vitesse de sortie de crise…La situation est anxiogène.

Un détour par l’Ethnologie permet de faire comme bon nombre de sociétés dites traditionnelles dans cette situation, c’est-à-dire de nous appuyer sur ce qui ne change pas.

 

Les sociétés traditionnelles se situent dans l’univers par rapport à des Axis Mundi ou « axes du monde »

Eskimos du Canada, Peuls Sahéliens, Yanomami amazoniens, Tchouktches Sibériens, Mnong Vietnamiens, Aborigènes d’Australie…,

Malgré leur grande diversité, toutes les sociétés traditionnelles ont un trait commun : elles vivent, se situent par rapport à un point central invariant à partir duquel elles se repèrent dans le monde, dans le cosmos, voire dans l’univers.

Ces Axis Mundi, mis en évidence par l’historien des religions Mircea Eliade, ce sont les totems des indiens, un menhir, une statue de divinité, mais aussi une montagne sacrée, un lac magique, un arbre sanctifié, la place du village, l’arbre à palabre, un animal tutélaire, une plante symbolique, …  

De même qu’il nous semble inconcevable de résoudre un problème de géométrie sans centre de repère, une société traditionnelle ne peut pas vivre sans au moins un point fixe.

 

Quelques Axis Mundi  de sociétés  traditionnelles

Mircea Eliade élargit cette constatation et met en évidence que le monde profane et personnel foisonne d’Axis Mundi dérivés : une ville natale, le chêne sous lequel certains aiment se reposer, mais aussi une maxime, un événement clé, un rituel fréquent…

Vous aussi avez vos « axes du cosmos » personnels.

 

Dans les périodes d’incertitude et de grands changements les sociétés traditionnelles utilisent leur Axis Mundi

Pour changer plus sereinement, elles cherchent à éviter d’évoluer dans un monde complètement chaotique et incertain.  Ces sociétés conservent des « piliers du monde » et se ressourcent à leurs contacts.

À la suite de famines ou de guerres tribales, des groupes d’aborigènes australiens ont dû quitter leur lieu de vie. Cette migration vers des terres inconnues est une situation de changement stressante : les terres seront-elles fertiles et giboyeuses, les rivières navigables et poissonneuses, d’autres êtres humains ou monstrueux peuplent-ils ces contrées ? Confrontés à ce type de changement, des aborigènes ont choisi de transporter avec eux leur Axis Mundi : un totem qu’ils installent dans chaque nouveau campement. Il est troublant d’apprendre de certains ethnologues que si par malheur le totem venait à être détruit les membres de la tribu se laissaient mourir sur place.

Les lapons de Russie ont subi la collectivisation soviétique et son économie « rationalisée ».  Malheureusement le type d’élevage très intensif mis en place ne permettait pas au lichen dont se nourrissent les rennes de repousser suffisamment et la densité des troupeaux a favorisé des épidémies animales de grande ampleur. Il s’en est suivi une situation économique catastrophique. Mes échanges avec les femmes lapones âgées mentionnent un comportement salvateur dans ce contexte très dur : les Lapons quittaient les villages et se regroupaient chaque année quelques semaines sur un lieu de culte traditionnel au bord d’un lac sacré, à quelques dizaines de kilomètres du gros bourg, mais caché dans un cirque montagneux. Ils pouvaient y vivre et y pratiquer les rituels interdits par le pouvoir central, maintenant autant que faire se peut leur identité et leur cohésion sociale en contact avec leurs Axis Mundi.

Repoussés des steppes mongoles vers le grand nord sibérien par des tribus belliqueuses, les Yakoutes ont perdu à la fois leur cadre de vie habituel et leur activité principale : l’élevage du cheval. Cependant, alors même que la rigueur du climat s’y opposait et que l’économie ne le justifiait pas fortement, les Yakoutes ont maintenu le cheval au centre de leurs rites chamanistes, comme Axis Mundi. L’animal a ainsi été doté d’un statut de marqueur culturel symbolique, différenciant par rapport aux ethnies voisines exclusivement éleveurs de rennes.

 

Les entreprises foisonnent aussi d’Axis Mundi

Les entreprises et organisations sont aussi des sociétés humaines et leur observation amène à repérer facilement leurs « axes du monde ».

Un Axis Mundi d’entreprise cela peut être tout d’abord un lieu central appartenant à l’entreprise, comme le site du siège. Il peut aussi s’agir d’un lieu aujourd’hui inactif mais d’où sont parties les activités fondatrices, ou même un lieu mythique situé hors de l’entreprise (un pays, une ville, un sommet).

Des femmes et des hommes fondateurs, existants ou disparus comme un inventeur visionnaire, une créatrice artistique peuvent aussi être ces « piliers du monde ». Il en est de même pour des leaders charismatiques actuels et parfois des personnalités extérieures à l’entreprise dont celle-ci se veut l’héritière (scientifiques, sportives, philosophes…).

Des événements sont pareillement repérables comme « invariants symboliques ». Nous y trouverons des événements fondateurs intérieurs ou extérieurs à I ‘entreprise (une première mondiale, une découverte fondamentale) ainsi que des événements cycliques (des salons professionnels clés, des soirées annuelles…).

Une activité disparue aujourd’hui mais qui a marqué l’organisation dans sa culture ou ses produits (reprise dans un logo, utilisée comme thème sur des produits) pourra être perçue comme un « emblème d’éternité ». Tout comme une activité actuelle porteuse de sens et source de fierté.

Même certaines valeurs peuvent devenir des Axis Mundi : on en trouvera des philosophiques, certaines managériales et d’autres sociétales. Elles apparaissent souvent dans les slogans.

 

En ces temps de « post-Covid » il faut utiliser ces Axis Mundi dans les entreprises et les organisations…

Les bouleversements à la suite du confinement et de la crise actuelle remettent en cause des façons d’agir, des comportements, des techniques, des logiques de pouvoir, des croyances, des visions du monde. A ceci s’ajoute que les directions à prendre et les évolutions probables sont floues.

Il est évident que les organisations et les individus peuvent y perdre leurs repères…

Parce qu’ils jouent sur des leviers psychologiques, sociaux, neuronaux et religieux indissociables, les Axis Mundi peuvent être d’une aide efficace dans le contexte actuel. En effet, les utiliser c’est faire comprendre que si tout change, tout change autour de points fixes et non pas dans un univers sans repères et c’est aussi permettre aux collaborateurs de se ressourcer au contact conscient et inconscient de ces axes du monde.

—–Pour en savoir plus, vous pouvez contacter :
Cyril RAYERManager
cyril.rayer@wavestone.com

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